La quête d'absolu s'accorde mal aux convenances hypocrites en vigueur dans la haute sociĂŠtĂŠ pĂŠtersbourgeoise de cette fin du XIXe siècle. Anna KarĂŠnine en fera la douloureuse expĂŠrience. Elle qui ne sait ni mentir ni tricher - l'antithèse d'une Bovary - ne peut ressentir qu'un profond mĂŠpris pour ceux qui condamnent au nom de la morale sa passion adultère. Et en premier lieu son mari, l'incarnation parfaite du monde auquel il appartient, lui plus soucieux des apparences que vĂŠritablement peinĂŠ par la trahison d'Anna. Le drame de cette femme intelligente, sensible et sĂŠduisante n'est pas d'avoir succombĂŠ à la passion dĂŠvorante que lui inspire le comte Vronski, mais de lui avoir tout sacrifiĂŠ, elle, sa vie de femme, sa vie de mère. Vronski, finalement lassĂŠ, retrouvera les plaisirs de la vie mondaine. Dans son insondable solitude, Anna, qui ne peut paraĂŽtre à ses cĂ´tĂŠs, aura pour seule arme l'humiliante jalousie pour faire vivre les derniers souffles d'un amour en perdition. Mais sa quête est vaine, c'est une "femme perdue".